« Tenez votre chien le mien est dominant… » « Mon chien cherche à me dominer. »
« il faut que votre chien mange après vous car vous devez être le dominant ! »
Dans cet article je ne parlerai que de la dominance que l’on prête comme caractère au loup et par raccourcis ignorants au chien mais cette vision hiérarchique s’est appliquée à beaucoup d’autres espèces.
Cette théorie s’est construite en 1945 par le zoologiste Rudolf Schenkel qui étudie une meute de dix loups, dans un enclos de 200 m². Il évoque deux ordres hiérarchiques en fonction des sexes, du rang social et d’une hiérarchie nettement définie. Etude reprise et popularisée par David Mech dans les années 70.
Or des études récentes, dans un espace naturel, ont permis de comprendre la composition réelle d’une meute de loups qui se compose plus comme une famille qu’un groupe hiérarchisé par un principe dominant-dominé.
Le pire pour nos compagnons à quatre-pattes, c’est que ces observations, erronées, ont été appliquées dans leurs approches et éducation. Ce chien que l’on considère à tord comme descendant du loup.
Voir alors le chien comme dominant est une notion erronée.
Imposer dès lors au chien une relation dominant-dominé s’apparente à de la maltraitance !
L’un des promoteurs principaux de cette théorie a tenté de rectifier et clarifier ses propos :
Le concept du loup alpha est bien ancrée dans la littérature populaire du loup au moins en partie à cause de mon livre « The Wolf : Ecology and Behavior of an Endangered Species », écrit en 1968, publié en 1970, réédité en livre de poche en 1981, et actuellement encore en version imprimée en dépit de mes nombreuses demandes à l’éditeur pour faire cesser la publication. Bien que la plupart des informations contenues dans le livre reste toujours d’actualité, beaucoup ne sont pas à jour. Nous avons appris davantage sur les loups durant les 40 dernières années que toute l’histoire qui a précédé.
Une des pièces désuètes de ces informations est le concept de loup alpha. « Alpha » implique une concurrence avec les autres pour devenir un loup de haut rang en remportant une lutte ou une bataille. Cependant, la plupart des loups qui sont à la tête des meutes atteignent leur position simplement par l’accouplement et la reproduction des petits qui viennent composer la meute. En d’autres termes, ils ne sont que des éleveurs ou des parents, et c’est comme ça que nous les appelons maintenant, le « mâle reproducteur », « femelle reproductrice » ou « parent mâle », « parent femelle » ou le « mâle adulte » ou « femelle adulte ». Dans les rares meutes qui comprennent plus d’un animal reproducteur, l’ »éleveur dominant » peut être appelé ainsi, et n’importe quelle fille peut être appelée « éleveuse subalterne ».
L David Mech
En vain, car beaucoup de chiens subissent encore aujourd’hui une « éducation », un dressage aux méthodes coercitives basées sur une relation dominant/dominé.
La coercition est l’action de contraindre quelqu’un, pour le forcer à agir ou à s’en abstenir. Elle existe notamment par contrainte physique et/ou psychologique
LA RELATION HUMAIN-CHIEN : UN COMPAGNONNAGE QUI SE DOIT EMPREINT DE RESPECT
La relation que les humains entretiennent avec les chiens apparaît aujourd’hui comme empreinte de violence. Elle aboutit à des échecs de plus en plus nombreux. One Voice vous explique ce qu’elle pourrait et devrait être. Pour le plus grand bonheur de chacun.
Des enquêtes révélatrices
En 2015, One Voice a enquêté dans différents clubs, aussi bien d’ éducation canine que de dressage au Ring et au RCI. La violence y est omniprésente, banalisée et exacerbée. Les chiens y sont des faire-valoir, des accessoires à l’ego, des exutoires, du matériel. Ils sont frappés ou martyrisés dans le seul but de les asservir. Traumatisés, la plupart n’auront pas une fin de vie heureuse et viendront gonfler les chiffres des refuges débordés.Des chiens traumatisés
Même les pratiques en vigueur dans les écoles des chiots sont traumatisantes. Ils y sont hyper-stimulés à un âge où ils devraient au contraire apprendre à se contrôler. Et lorsque leur « maître », en quête du chien parfait, les conduit ensuite dans un club d’éducation ou de dressage, c’est la catastrophe ! Le chien a besoin par-dessus tout d’avoir confiance en son compagnon humain, et à coups de laisse et de hurlements, la confiance est brisée. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, ce qui leur arrive. La main qui s’approche va-t-elle le flatter ou lui saisir la peau du cou ? Il ne sait plus. Il a peur. Et devient agressif. La violence engendre la violence. Toujours.Rétablir le chien compagnon
Vivre heureux avec un chien heureux, c’est respecter qui il est. Parfois cela implique de renoncer à l’adoption. Certains chiens, de berger notamment, vivent très mal le fait d’être enfermés en appartement, même avec deux ou trois promenades quotidiennes. Ils ont besoin d’espace, de courir et de s’activer avec leur compagnon humain. D’autres au contraire ne sont heureux que pelotonnés contre lui au coin du feu. Il faut savoir qui est le chien qui nous accompagne, ne lui demander que ce qu’il peut nous offrir et accepter qu’il ne soit pas « télécommandé ». Et surtout, préserver sa confiance, précieusement. Lui faire peur, lui faire mal, c’est le trahir et se priver d’un bonheur partagé…
Un chien aux comportements jugés agressifs sera qualifié de dominant bien trop souvent, sans prendre en compte la raison. Par cette catégorisation de comportements, on occulte le besoin d’apprentissage du chien… On évite, on contrôle…